Page 5 - iletait2fois aperçu

La dernière fois où j’avais vu le petit prince, c’était sur une
couverture de livre qui reposait sur la table de la chambre
d’hôpital de mon père à Paris. Maintenant, mon père n’est
plus. Je l’ai enterré il y a exactement deux semaines. Ce
souvenir m’ébranla. La douleur était encore vive dans mon
cœur. N’ayant pas supporté son départ brusque, je m’étais
retiré dans cette demeure à La Marsa, cette ville qu’il
affectionnait tant. C’était mon troisième jour ici, et j’avais
encore du mal à me familiariser avec les lieux.

La villa était située derrière le centre commercial
Zéphyr, en bas de la pente, tout près de la plage. Une grande
véranda, un grand jardin, et l’architecture caractéristique
du siècle dernier. C’était un véritable coup de cœur. La
demeure était restée longtemps condamnée, à cause d’une
stupide querelle entre les héritiers et le dossier avait traîné
dans les méandres des différents tribunaux.
Je suis tombé sur l’annonce et je me suis immédiatement
déplacé pour la visiter. J’avais absolument besoin d’un
changement radical dans ma vie. En plus, je voulais être
près du cimetière qui donnait sur la plage de La Marsa. Un
cimetière marin à la Paul Valéry. La concrétisation de la
fameuse supplique de Georges Brassens pour être enterré
à la plage. C’était le dernier vœu de mon père. Une place
avec vue sur mer, dans sa ville natale.

Je suis donc tombé amoureux de la villa et je l’ai louée,
à la grande surprise de sa propriétaire. Le loyer se traduisait
en une belle liasse de billets de banque, vu l’emplacement
de la villa et sa superficie, mais je ne reculai pas. Elle était
plutôt destinée à une famille entière, pas au célibataire
endurci que j’étais. La propriétaire est restée perplexe

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