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ne peut exister dans un univers où le miracle et l’ir-
rationnel vont de soi. Comme l’expliquent si bien
Josée Larochelle et Edwin Rossbach dans leurs tra-
vaux de recherche sur la littérature française. Très
souvent, le héros est l’homme qui habite à deux
coins de rue, l’héroïne est la femme qu’on a croisée
au supermarché. C’est ainsi que les auteurs de récits
fantastiques – comme nous allons le voir au fil de
ces nouvelles- utilisent les mêmes techniques que les
auteurs réalistes ou naturalistes pour donner l’im-
pression de vraisemblance, tant et si bien que l’on
pourrait s’identifier sans problème aux protagonistes
et partager leur ressenti.
Ceci nous amène à un autre point essentiel du
registre fantastique : le trouble, le doute et la peur
causés par l’auteur et éprouvés aussi bien par le héros
que par le lecteur. Le premier a presque systémati-
quement une réaction de refus, de rejet ou de peur
face aux événements surnaturels qui surviennent et,
de ce fait, le fantastique est très souvent lié à une
atmosphère particulière, une sorte de crispation due
à la rencontre de l’impossible. Nous le verrons ici,
cette peur peut naître de simples détails ( une eau
stagnante ou une obscurité oppressante chez Mau-
passant ), d’objets anodins (un collier de velours chez
Leroux ou une simple cafetière chez Gautier) ou de
monstres aussi abominables qu’invisibles chez HP
Lovecraft.
Dans notre volonté d’offrir une vue globale sur
le genre fantastique, nous avons fait le choix de
considérer à la fois les auteurs de l’Hexagone et les
auteurs anglosaxons qui se sont illustrés dans ce re-
gistre. Rien d’étonnant à cela puisque, même si les
historiens divergent sur les origines, il est commu-
nément acquis que le fantastique a vu ses premières
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