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ce genre ne sont pas légion. Et en Tunisie, c’est tout
bonnement… Une première !
Pour autant, rendre compte de la chronologie du
registre fantastique n’est pas chose aisée. De tous
temps, la littérature s’est nourrie de récits occultes,
de légendes, de contes faisant intervenir la magie,
le surnaturel, l’étrange. Au Moyen-Age, on parle de
« merveilleux » parfois lié aux questions religieuses,
comme dans Merlin de Boron, où se mêlent légendes
du roi Arthur et imaginaire chrétien.
À ce stade, il est nécessaire pour mieux appré-
hender cet ouvrage, de faire la part des choses et de
s’attarder sur la différence entre le fantastique (le
courant qui nous intéresse ici) et le merveilleux. La
question de savoir qui est quoi revient d’ailleurs très
souvent. Non, ne niez pas, c’est normal, n’ayez pas
honte. Attention, il y aura un quizz après.
Si les deux veines font intervenir pour le lecteur
le surnaturel, la différence réside néanmoins dans
« le cadre référentiel ». En effet, dans le merveilleux,
le surnaturel est posé et accepté d’emblée aussi bien
par le narrateur et les personnages que par le lecteur
lui-même. Dans Le seigneur des anneaux – qui est
peut-être l’exemple le plus connu dans ce registre-
personne ne s’étonnera de la présence de hobbits,
d’elfes ou d’orques car ce sont des composantes recon-
nues et acceptées dans l’univers que propose Tolkien.
Dans le fantastique, au contraire, une perturba-
tion irrationnelle apparaît soudain dans la réalité
quotidienne, et le doute, l’inquiétude persistent tout
au long du récit quant à la nature de cette perturba-
tion puisque cette intrusion est perçue comme une
violation des lois universelles sur lesquelles reposent
la société, la nature, le monde. Ainsi, le fantastique
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